Récit de la marmotte 2019 par Fréderic ROBOAM

Bourg d’Oisans 7h du matin.

Je suis enfin sur la ligne de départ, pour ma deuxième participation (12ans après la première).

Cinq Semaines de préparation spécifique et me voici prêt à en découdre sur les 174Km et les 5000mD+ de ce superbe circuit Alpestre (Col du Glandon, Col du Télégraphe et Col du Galibier et la montée de l’Alpes d’Huez).

 

Je suis dans la première vague de 2500 coureurs, 45 nationalités sont représentées. Une vraie tour de Babel !

Les 15 Premiers Km qui mènent au pied du col du Glandon sont réalisés à 40km/h de moyenne.

Malgré tout, je fais l’effort pour me rapprocher de la tête du « pleton » afin de ne pas être trop gêné par des coureurs qui vont buter dès les premiers mètres de l’ascension.

Je suis dans les premiers hectomètres de ce long col. Mes jambes, » rentrent « dans le match rapidement du 52 je bascule sur le 36*25 et 28 dès que possible. Au bout de quelques minutes d’ascension ma respiration est stable.

Je tourne les jambes entre 80 et 85tr/min. Je me sens bien, l’environnement est grandiose.

Le Glandon a la particularité d’avoir une descente de 2Kms en fin de première partie. J’en profite pour m’alimenter et prendre et peu d’élan. En effet les rampes qui suivent sont entre 10 et 11% sur 2Kms. Le paquet continu à se morceler sur de telles pente.

Dans la deuxième partie du col, je suis dans mon rythme de croisière. J’arrive au sommet au bout d’1h16 d’effort avec des bonnes sensations et pas de fatigue apparente.

Coté chiffre sur cette montée (24km à 5.2%, D+ 1250m,1h16, Vitesse moyenne 17Km/h, Cadence moyenne 76Tr/min, Pmoy 220watt(3.6w/kg).

Au sommet du col je ne m’arrête pas pour le « Ravito ». J’ai encore des munitions ! La descente du col est très rapide est technique. Rapidement, je me retrouve avec des coureurs qui font la descente dans un rythme qui me convient, pas plus de 70Km/h, si possible !

Trente min plus tard, je suis en bas avec le même groupe (une quinzaine d’unités pour amorcer la longue remontée en faux plats sur St Michel de Maurienne). Dans ce groupe je suis le seul Français.

Cette vallée n’est pas simple. Elle est souvent soumise à un vent de face. De plus, les faux plats montants n’arrangent rien. Malgré cela, tous le monde s’accorde et travail ensemble du mieux possible. Nos relais sont francs et parfois appuyés.

Les 20Km de vallée ont étaient parcourus à une moyenne de 33Km/h et 300m de D+. Cette petite partie de manivelle a presque été plus éprouvante que l’ascension de Glandon !

 

Le plat de résistance le voilà ! Attendu mais craint (Pour ceux qui connaissent la région !),28km d’ascension, Col du Télégraphe (12Km 7.1%) et Col du Galibier (16Km à 6.8% dont 7Km au dessus de 2000m)

Le bas du col est abordé rapidement. Je ne cherche pas à suivre les plus rapide. Je reste dans mon propre rythme. Je peux appuyer plus fort, mais je crains le retour de manivelle après Valloire qui est le début du Galibier.

Véritable col de « Sape », je réalise l’ascension du Télégraphe, en gérant mes coups de pédales au plus juste. (Très souvent sur le 36*28 au lieu du 25, voir 23) Malgré cela je double plus souvent qu’à mon tour. Suis-je encore trop rapide ?

Au milieu de l’ascension je profite du ravito et d’un coup d’œil rapide de St Michel de Maurienne qui est déjà bien loin en contre bas.

 

Je vois le sommet du Télégraphe. Je suis à mi-parcours et j’atteins mon deuxième objectif de cette matinée. J‘ai grimpé en 52′ soit 10’ de plus que mon record personnel. Par conséquent, le niveau de fatigue reste contenu. En revanche j’ai mis moins de 4h (3h42min !) pour 90Km. Je peux espérer faire moins de 8h ! Malheureusement le « vent » va tourner !

Coté chiffre sur cette montée (12km à 7.1%, D+ 820m,52′, Vitesse moyenne 14Km/h, Cadence moyenne 80Tr/min, Pmoy 210watt(3.4w/kg).

Une très courte descente de 5Km en direction de Valloire et me voila à l’assaut de la citadelle « Galibier » avec ses 2700m d’Altitude. La sortie de Valloire est coriace !

Je crains le long faux plat (entre 5 et 8% !) qui mène vers Plan Lachat(2000m). Mes craintes sont vérifiées une fois grimpé la longue côte afin de sortir de Valloire. Je vais passer un drôle de 1/4 heure (Exactement 47′ pour 11Km !) jusqu’à Plan Lachat (2000m d’altitude).

Je suis à Plan Lachat en tournant la tête vers la droite, j’aperçois ce massif grandiose avec une longue procession de coureurs. Je passe le petit pont et je rentre dans un autre univers qui est la haute Montagne, c’est Magnifique !

Les pentes sont de l’ordre de 9%. Je bute comme beaucoup. Je me bats comme un beau diable, pour maintenir une cadence de pédalage qui ressemble à quelque chose, en gros 60tr/min avec 36*28 soit à peine 10km/h. Les 8 derniers Km d’ascension risque d’être interminable !

Malgré l’altitude je ne ressens pas de difficulté sur le plan respiratoire. En revanche tous les muscles souffrent. Le fort vent de face (comme si la pente ne suffisait pas !) n’arrange pas mon engagement ! Un fois passer les 2 premiers Km, des sensations reviennent. Je me fixe dans l’ascension des petits objectifs visuel. La pente reste soutenue.

Je reprends des tours/min et par conséquent un peu de vitesse et je tutoie les 11Km/h pour une fréquence de pédalage comprise entre 65 et 70tr/min sur 36*28.

 

Côté watt, je n’arrive plus à accrocher les 200watt qui est malheureusement un mauvais signal. Je suis enfin au sommet, satisfait de mon ascension. J’atteins mon troisième objectif. Je n’ai pas mis le pied au sol dans cette ascension !

Coté chiffre sur cette montée (18km à 6,8%, D+ 1165m,1h27, Vitesse moyenne 12Km/h, Cadence moyenne 67Tr/min, Pmoy 175watt(2.9w/kg).

Je fais les niveaux, je mets mon coupe-vent et je m’élance seul dans cette longue descente qui va me mener jusqu’a Bourg d’Oisans et in fine au pied de l’Alpes. Je pensais pouvoir récupérer dans la descente. Je me suis trompé.

En effet après avoir eu un vent défavorable durant les 8 derniers Km de l’ascension, j’ai maintenant un fort vent de face dans cette longue descente. Malgré tout le décor est à couper le souffle. Je suis comme suspendu à un fil autour de ces massifs majestueux.

Des gabarits plus imposant que moi me rattrape. J’ai du mal à allez au dessus de 50Km/h avec ce fort vent de face. Notre groupe grossis.

Durant cette descente nous passons plein gaz dans le village de la GRAVE avec sur la gauche le magnifique glacier de la Meije. La descente se poursuit par des passages successifs dans des tunnels un peu angoissant à aborder.

En effet côté lumière ce n’est pas l’idéal. Nous sommes guidés par les seuls lumières Arrière et Avant de nos machines (équipement obligatoire pour cette épreuve !). Nous sommes maintenant une trentaine dans le groupe. Une équipe de 5 coureurs fait la descente afin de rapprocher une féminine de leur groupe. En effet la première féminine est dans un groupe devant le nôtre ! Je dois me battre malgré mon 52*11 pour rester au contact……..C’est presque aussi dur que dans les cols précédent (Un comble !).

L’expérience des compétitions me permet de passer ce « tour de vis » mais quelle énergie de perdu dans cette descente. Sur un vélo, savoir grimper c’est bien ! Mais descendre reste primordial, l’un ne peut aller sans l’autre.

Enfin, un peu avant d’arriver dans le bas, nous devons passer par une petite côte d’un Km. Je rebascule sur le 36 et toute suite les jambes reprennent un rythme qui me semble plus naturel. Le groupe se calme, je suis bien dans cette portion « test » avant le dessert du jour. Nous rebasculons pour être 10′ plus tard enfin dans le bas de la descente.

Nous abordons plein gaz, la longue ligne droite de 5Km « toute plate » avant l’Alpes.

Après une descente de 55′ non reposante, nous sommes en fil Indienne. Nous rentrons sur un groupe. Chacun veut garder sa place pour être placé au mieux. Ça frotte, ça va vite et il faut mettre du braquet. Mes jambes répondent bien malgré la distance accumulée. En effet j’ai quasi 160bornes au compteur ! Encore une fois l’expérience de la compétition me permet, de me replacer au mieux afin d’aborder la première rampe de l’Alpes.

Les 5km ont étaient menés tambour battant avec pas moins de 46Km/h de moyenne. Certains sont pressés d’en découdre avec le mur qui se présente devant nous !

Je suis dans le bas au bout de 6h28min pour 161Km et déjà 4000m de D+. Sans grosse défaillance majeure je doit-être en mesure de faire mieux qu’il y a 12ans, soit 8h20min.

La chaleur dans le bas devient étouffante. Nous sommes passés de 24°C à 2700m d’altitude à 34°C au pied de l’Alpes situé à 735m. Nous pénétrons sur la route qui mène à la première rampe de « lancement » à 10,5% et ce sur un 1Km.

Une foule importante dans le bas, nous encourage (ça fait toujours plaisir !) et nous ne passons pas à plus de 2 de front. La contrainte de la pente fait imploser notre groupe.

Je peux me caler à 10Km/h sur 36*28, ça ne tourne pas vite, cependant j’avance et je double. L’équipe qui a fait la descente explose littéralement (à chacun son tour de subir !).

Première objectif de cette « grimpette » est d’en terminer avec les 3 premiers Km très agressif, afin d’arriver au petit village de la Garde.

 

La montée de l’Alpes Huez est situé plein Sud. En plus des tensions musculaires importante, je souffre de la chaleur pour atteindre la Garde. Les 3 Premiers Km je les avale en 17’, soit 5′ de plus que lors de mes 2 sorties effectuées jeudi et vendredi. Le ton est donné !

Enfin au village de la Garde, je m’arrête au dernier ravito pour terminer les 10 derniers Km avec des munitions. Je suis en surchauffe…par chance un bénévole est présent avec un tuyau d’arrosage. Je m’offre donc volontiers à une petite douche improvisée sur la chaussée.

Une fois rafraichie, je repars pour atteindre la partie la moins pentu (1Km à 6%) de l’ascension. Le bonheur est de courte durée. Il me reste 15 virages. Je tiens tant bien que mal un petit 10Km/h avec une fréquence de pédalage comprise entre 50 et 60tr/min. Un vrai chemin de croix à cette allure !

J’arrive à augmenter ma vitesse lors des passages dans chaque virage et cela grâce au replat présent.

Maintenant, j’essaye simplement de maintenir ce rythme. Je devrais être au sommet dans une heure. Les virages défilent les uns après les autres, je décompte dans ma tête.

Enfin les 3 derniers Km. Si je lève la tête je peux voir les derniers lacets qui vont avec……Que c’est long ! Je m’accroche pour arriver à la flamme rouge. Le dernier Km est plus souple entre 4 et 6% mes jambes le ressentent. Je remets un peu de braquet. Pour le « sport « je relance et je termine en étant le plus rapide possible (Une pensée rapide aux pros, qui jouent une étapes ou le général sur ce type de final, le travail ne suffit plus, ç’est du talent en barre qu’il faut à ce niveau ! )…. Il ne me reste plus beaucoup de gaz dans le réservoir, par conséquent « rapide » n’est pas le mot le plus approprié. Je m’applique à puiser dans mes dernières ressources.

Coté chiffre sur cette montée (13km à 8%, D+ 1030m,1h18, Vitesse moyenne 10Km/h, Cadence moyenne 60Tr/min, Pmoy 169watt(2.7w/kg).

Enfin la ligne d’arrivée libératrice. Elle sonne la fin de ce monument ! Je suis fatigué, cependant j’ai le sourire et le sentiment d’avoir passé une très belle journée de vélo. Cette journée restera gravée dans ma mémoire.

Sur le plan sportif, j’ai réalisé les 174 en 7h39min.Quarante minute de moins vis à vis ma première participation en 2007.Le classement qui est plus anecdotique, sur les 7500 participants je me place en 562ème position. Dans ma tranche d’âge (40 à 49ans) en 163ème position sur 5000 participants.

Pour conclure, je suis très fier d’avoir fait moins de 8h et d’avoir su gérer au mieux mes efforts. Cela me motive et me conforte sur une orientation progressive vers ce type d’épreuve.